• Vive la famille (bio?!)-logique!

     

    barbapapa

     

    Ce soir, en parcourant le site enfants d'homos , je suis tombée sur ce commentaire auquel j'ai eu envie de répondre:

    “Bizarre, après le divorce de mes parents, un père pour m’aider à me construire m’a terriblement manqué … pourquoi n’avez-vous pas l’honnêteté de reconnaître et faire reconnaître cette vérité. Les enfants que vous faites parler occultent-t-ils des vérités , par reconnaissance envers les adoptants…? Cacher la vérité à des millions de personnes relèvent du mouvement sectaire.”

    Tout ce que je raconte ici a déjà été dit, et bien dit, par de nombreuses personnes mais la répétition est, paraît-il, un élément essentiel de la pédagogie...

     

    Bonjour,

    je souhaiterais réagir au message précédent, dont l'auteur se refuse à croire au bonheur des enfants élevés par des couples homos. J'ai en effet l'impression que ce genre de confusion est fréquent chez les gens à qui l'on a arraché un parent ou un proche, et elle mérite donc que l'on s'y attarde.

    La personne qui s'exprime ici s'est retrouvée séparée de son père après un divorce. Elle a donc perdu un être cher, avec qui elle avait tissé des liens éducatifs et affectifs, et qui était donc un pilier dans sa vie. D'autres cas de figures conduisent à ces situations tragiques: décès du père ou de la mère, abandon de sa compagne enceinte par le futur père, ou même simple manque d'intérêt d'un parent pour son enfant, .

    Ces situations sont toujours tragiques et personne ne cherche à nier la souffrance subie par ces enfants, ni les manques qu'ils ont ressentis. Mais il est temps de ce rendre compte que la filiation homoparentale ne fait en rien partie de ces cas de figure. Prenons un exemple: si un enfant vivant avec deux mères lesbiennes vient à perdre l'une des deux, il ne me semble pas extraordinaire de penser qu'il va en souffrir. Elle va manquer à son épanouissement et à sa construction, car elle participait de la stabilité de la famille, du bonheur de sa compagne et de son enfant, et tous étaient liés par des sentiments d'amour profonds. Elle remplissait certaines fonctions éducatives et avait, de par sa personnalité, certains rôles dans le foyer et dans l'esprit de l'enfant. La structure de cette famille reposait donc, entre autres, sur sa présence. Elle disparaît, l'édifice s'effondre....Et pourtant, à nous qui ne sommes pas nés et n'avons pas grandi au sein d'un foyer homoparental, notre deuxième maman ne nous manque pas du tout! Tout simplement parce que nous n'en avons jamais eue...plus encore, elle n'a jamais fait partie du schéma familial qui était le nôtre, notre famille se sentait parfaitement au complet sans elle, les différents rôles éducatifs y étaient tenus par d'autres personnes, par exemple notre mère biologique et notre père. Ne trouveriez-vous pas ridicule que cet enfant devenu grand vienne remettre en cause les parents hétéros (donc avec une seule mère) au motif que, lui, sa deuxième maman lui a manqué?

    Je pense que si, et vous auriez raison. Car si toute rupture d'un équilibre familial entraîne des souffrances, cela ne signifie pas pour autant qu'il n'y a initialement qu'un seul équilibre possible et viable. Rompre une structure familiale au cours de son développement et avoir une structure familiale différente de celle de ses voisins sont deux notions qui n'ont absolument rien avoir! Le problème, c'est que bien souvent, pour imaginer ce qu'il se passe dans la tête des autres enfants, nous raisonnons en partant de la seule famille que nous connaissons vraiment: la nôtre. Confrontés à une famille différente, homoparentale par exemple, nous nous mettons alors à imaginer toutes les déchirures et tous les bouleversements qu'il faudrait pour passer de notre situation à la leur...L'erreur est là! Ces déchirures n'ont bien souvent PAS eu lieu. Cette famille n'est tout simplement PAS partie de notre situation pour arriver à la sienne. Notre organisation familiale n'a aucune raison d'être le point de départ de toutes les autres.

    Laissez donc les gens autour de vous trouver leur équilibre! Cela ne remet pas en cause le vôtre! Et nous ne le remettons pas en cause!

     

    Tenez, moi par exemple, il y a au moins deux de mes grand-parents (pour ne pas dire les quatre) que je n'ai jamais fréquentés, voire jamais connus (pour des raisons peu racontables qui n'en faisaient pas des individus bien louables..) et bien, ils ne m'ont jamais manqué! Je me suis développée sans eux, je n'ai jamais eu l'impression qu'il me manquait certains tuteurs pour me développer. Une de mes meilleures amies avait, à l'inverse, une relation très forte avec sa grand mère, qui lui prodiguait de nombreux enseignements mais qui assurait aussi un rôle d'autorité juste et éclairée...rôle qu'en revanche, son père, éloigné et peu intéressé par la paternité n'a jamais tenu. Et bien, au décès de cette grande dame, mon amie a été profondément chagrinée et surtout déboussolée: elle avait perdu un repère. 

    Il ne faut donc pas confondre une identité sexuée avec un rôle affectif et éducatif, pas plus qu'un évènement qui change brutalement la donne (par exemple un divorce) avec un simple état de fait ("j'ai deux mamans"). Rien n'impose qu'un rôle en particulier doit nécessairement être dévolu au porteur d'un pénis, ou à l'heureuse propriétaire d'un vagin. Rien n'impose à une personne de ne tenir qu'un seul rôle. L'important c'est que ces rôles soient tenus! Si tel est le cas, l'enfant qui a deux mamans aura autant besoin d'un père que vous d'une troisième main...Qui plus est, il n'y a absolument AUCUNE chance pour qu'un enfant ne se retrouve confronté qu'à un seul et unique sexe au cours de son développement, à moins de vivre isolé au fond d'une grotte! Et pour ce qui est de la différence des sexes, notre société la revendique et l'instrumentalise plutôt trop que pas assez, toute femme en a d'ailleurs un jour fait les frais,...donc pas d'inquiétude! Ne vous mêlez donc pas tant du bonheur des autres, surtout pour le mettre en doute sans la moindre preuve ou la moindre information qui pourrait vous en faire douter!

    Ce n'est pas parce que les enfants d'homos qui s'expriment ici ne vous disent pas ce que vous voudriez entendre qu'ils vous cachent quelque chose. S'ils n'agissaient que par reconnaissance envers leurs parents, ils auraient pu choisir simplement de se taire, de taire leur supposée souffrance. Là, ils ont choisi de dire leur bien être, d'exprimer leur bonheur. Ce sont deux attitudes qui n'ont rien de commun. On ne s'invente pas un bonheur si facilement. (Et s'ils avaient tant souffert, ils ne seraient d'ailleurs pas reconnaissants!...Vous aimez vos parents mais vous avez souffert, vous avez alors été capable de nous le dire! les autres aussi ont cette capacité...)

    Le pire, c'est que j'ai l'impression que, dans le fond, nous sommes d'accord sur ce que nous attendons de la vie et de la famille: encadrement, amour et stabilité...Nous redoutons les disparitions, les pertes, les abandons qui nous fragilisent. Et c'est bien pour cela que les parents homos réclament des droits, ils veulent être autant protégés que les hétéros contre ces naufrages de la vie, éviter que la disparition d'un père n'entraine une séparation d'avec le deuxième par exemple.


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