• Première contribution exterieure, de Sara, que l'agitation actuelle ne laisse pas indifférente.

     

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    Blessée, blasée, en colère, choquée.

     

    Je suis blessée quand on compare mon amour pour les femmes à un désir d’enfant ou un désir pour les animaux. C’est salir le désir homosexuel. C’est placer le désir hétérosexuel au dessus. C’est hiérarchiser l’amour.

     

    Je suis blessée quand on me dit que si j’ai un enfant avec une femme que j’aime, il n’aura pas de repères. Mais avez-vous regardé les auditions des familles homoparentales à l’assemblée ? Avez-vous lu des témoignages d’enfants d’homosexuels ? Ont-ils l’air de manquer de repères ? Moi j’ai vu, moi j’ai lu. J’ai vu et j’ai lu de l’amour.

     

    Je suis blessée quand j’entends « un papa, une maman, on ne ment pas aux enfants ». Mais qui a donc parlé de mentir ? Moi qui vais enseigner à vos futurs enfants, je sens assez de pédagogie en moi pour expliquer à mes futurs enfants que non, biologiquement, deux ovules ne font pas un enfant. Même pas besoin d’être enseignant pour expliquer ça a un enfant.

     

    Je suis blessée quand on me dit qu’un père, une mère c’est complémentaire. Sous entendu, deux femmes ou deux hommes, ça ne peux pas l’être. Que manque-t-il ? Un pénis ? Une paire de seins ? Une maitrise innée du bricolage ? De la douceur ? Je ne saisis pas.

     

    Je suis blessée quand j’entends le slogan « vive la parité et d’abord dans le mariage ». Curieux slogan. Vive la parité et d’abord dans le mariage. C’est ce « et d’abord » m’interpelle beaucoup. Car quelque part ça veut aussi juste dire : « vive la parité », si on se place « ensuite ». Mais qu’est ce que cela veut dire ? Si la loi passe Quand la loi passera, cette parité que vous clamez tant va-t-elle s’engouffrer dans le chaos ? Il n’y aura pas plus d’homosexuels d’un coup. Il y aura surement, je l’espère, plus de tolérance. Les couples homosexuels seront peut être plus visibles, pas plus nombreux. C’est peut être cela qui vous gêne ?

     

    Je suis blessée pour les familles homoparentales quand j’entends le slogan « Président normal, famille normale ». Mesurez vous la violence de ce propos ? Allez donc voir un enfant issu de famille homoparentale et ayez le courage de lui dire droit dans les yeux « ta famille n’est pas normale ». Sa famille n’est pas conventionnelle certes. Sa famille est différente de la majorité des autres familles certes. Et alors ? Il faut donc demander à une famille d’être « normale » pour être considérée ? Le plus important ne serait-il pas de lui souhaiter d’être heureuse tout simplement ?

     

    Je suis blasée quand on me demande « et la religion alors ? » Et bien vous savez quoi ? La religion, je m’en contre-fiche, pour ne pas être vulgaire. Je suis athée, il s’agit d’un débat laïc. Si je décide de me marier un jour, ça ne sera surement pas dans une église !

     

    Je suis blasée quand j’entends qu’avec deux papas ou deux mamans, l’enfant subira des moqueries à l’école. Oui, surement, mais si, avec un homme, je fais un enfant avec un gros nez, ou roux, ou gros, ou trop petit, ou trop grand, ou trop timide, il subira également des moqueries. Pourtant on n’interdit pas aux couples hétérosexuels à gros nez de faire des enfants.

     

    Je suis blasée quand j’entends que les couples homosexuels feront des enfants homosexuels. Pourtant les couples hétérosexuels ne font pas toujours des enfants hétérosexuels ! Et puis je n’ai nullement l’intention de mener une quelconque propagande sexuelle devant mes futurs enfants. Ils seront libres d’aimer qui ils veulent. Et mon petit doigt me dit que si j’ai un enfant homosexuel, son coming-out devant ses deux mamans ne sera pas l’épisode le plus stressant de sa vie.

     

    Je suis blasée quand j’entends « je ne suis pas contre le mariage homosexuel, je suis contre la PMA, car l’enfant ne connaîtra pas ses origines ». Mais dans ce cas, pourquoi ne défilez vous pas contre la PMA pour tous les couples – homosexuels comme hétérosexuels tout simplement, au lieu de vous mettre dans le même panier que tous ceux de la Manif pour tous ? Votre manifestation sera peut-être moins jugée, et moins qualifiée d’homophobe.

     

    Je suis en colère quand malgré tout cela j’entends qu’on m’aime, qu’on me respecte. Mais si ! Car on a des amis comme moi, voire même des amis d’amis ! Il faut sérieusement arrêter avec cet argument, il me donne des boutons, alors déjà que je suis homo, mais une homo avec des boutons … je ne vous raconte pas l’enfer.

     

    Je suis choquée quand je vois des enfants à la Manif pour tous, des enfants qui n’ont pas encore d’identité sexuelle, qui ne savent pas pourquoi ils sont là, et qui pour la plupart se réveilleront un jour, et auront honte d’avoir défilé ce 13 janvier 2013. Ou qui pour la plupart se révèleront un jour homosexuel, auquel cas leurs parents deviendront alors leur plus grande peur.

     

    Enfin, je suis choquée quand certains maires annoncent qu’ils refuseront de célébrer les mariages homosexuels, si la loi passe quand la loi passera. Je suis choquée de voir que des élus ne respecteront pas la loi.


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    C'est LE mot en vogue de cette fin d'année 2012! Lui et ses avatars contrenatur..han, antinaturel et aberration anthropologique se portent comme un charme et sont toujours de la partie quand il s'agit de lyncher les pédés qui osent réclamer le droit de se marier et se rêvent en parents aimants.

    Je dois avouer que ces expressions me laissent assez perplexe car, puisque leurs utilisateurs se défendent de plus en plus de toute référence religieuse, une question me taraude: Mais qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire?? En effet, pour tous les tenants du « non, c'est contre-nature! », il semble clair, limpide évident que ce terme renvoie à une abomination et doit donc être connoté aussi péjorativement que faire se peut. Mais d'un point de vue laïc et citoyen, qu'est-ce que cela veut donc dire que d'être contre-nature?

    Partons du terme opposé. Qu'est-ce qui est naturel? De nos jours, cela renvoie essentiellement à une notion biologique. Est naturel ce qui est un produit de la nature, c'est à dire une possibilité du vivant, une caractéristique susceptible de s'exprimer dans notre environnement. Plus encore, dans une interprétation plus moderne propre à un monde qui s'inquiète d'écologie et de mécanisation du quotidien, ce sont les caractéristiques du vivant susceptibles de se développer et de se pérenniser dans un environnement non modifié par l'Homme. Et déjà à ce stade quelques remarques s'imposent:

    Tout d'abord, dans cette nature là, il n'y a aucune notion de jugement. Le monde biologique ne connait ni le Bien ni le Mal: ces notions sont humaines. L'observer à travers le prisme de la morale est déjà une modification introduite par l'homme, donc déjà une distorsion de la réalité. Nous Français, toujours si prompts à nous gausser de la bêtise et de l'obscurantisme de nos proches voisins américains quand ceux-ci prônent le créationnisme plutôt que la théorie de Darwin, ferions bien de nous en rappeler! Car si je ne ferais pas l'affront aux opposants au mariage pour tous de penser qu'ils nient la théorie de l'évolution, je me dois cependant d'émettre quelques doutes quant à ce qu'ils en ont réellement compris. En effet, en affirmant que « l'homme est fait POUR la femme », que « l'union hétérosexuelle est la seule naturelle car elle faite POUR la procréation et POUR l'éducation des enfants », que « l'altérité des sexes est faite POUR ci ou POUR ça », que « la sexualité est vouée à la procréation », etc... ils démontrent très clairement qu'ils ont compris exactement le contraire de ce que révèle la-dite théorie ,et sombrent dans les mêmes écueils que nos collègues outre-atlantique!

     

    Car s'il l'évolution des espèces nous enseigne bien quelque chose, c'est d'abord que biologiquement nous ne sommes faits pour rien ni pour personne. C'est d'ailleurs cette crise métaphysique face à l'absence d'un sens naturel à notre existence qui nous a poussés à nous en construire un, non naturel (contre-nature?) au travers, par exemple, de religions. Le nature ne prévoit pas de sens à la vie, « ce n'est pas la fonction qui crée l'organe » comme disaient nos profs de bio. Nos caractéristiques et nos comportements évoluent au hasard de mutations, puis disparaissent ou se maintiennent selon qu'ils nous procurent ou non, à nous individus ou à la collectivité, un avantage susceptible d'améliorer notre durée et notre qualité de vie, et donc notre capacité (collective) à produire une descendance nombreuse et en bonne santé ....Et dès lors, n'en déplaise aux fanatiques religieux et aux charlatans de la science, force est de constater que l'attirance et les comportements homosexuels, documentés chez au moins 450 espèces animales dont les plus proches de la nôtre, se sont maintenus tout au long de l'arbre phylogénétique! Pourquoi? Comment? De nombreuses hypothèses sont avancées: renforcement de la cohésion du groupe, effets positifs d'une sexualité variée,etc...Qu'en penser? Peu importe...La conclusion reste que si vous voulez parler nature, non seulement le désir, le plaisir et l'attachement homosexuels sont bien naturels, une simple possibilité du vivant au même titre que leurs homologues hétérosexuels (j'ai envie dire évidemment! Si, physiologiquement, on ne pouvait pas être attiré par quelqu'un du même sexe, personne ne serait gay!), mais il semblerait aussi que ceux-ci soient tout à fait viables, pérennes voire bénéfiques à long terme pour une espèce.

    Mais alors qu'est-ce qui n'est pas naturel? Et bien tout le reste! Le non-naturel, apanage de l'espèce humaine, est constitué de toutes les constructions mentales et sociales qui permettent aux populations humaines de s'extraire de la nécessité naturelle, de son caractère impitoyable, et de se reconstruire une raison d'être, d'attribuer une valeur à la vie humaine. On les désigne souvent sous le terme générique....de culture! Cela comprend les religions, le droit, la morale, les institutions sociales, les structures sociales en général notamment la reconnaissance et l'importance de la filiation, l'art, ...peut-être aussi les sexualités d'ailleurs, autant l'hétérosexualité que l'homosexualité ou la bisexualité, non plus en tant que comportements sexuels possibles mais en tant que catégories bien identifiées, dotées de leur érotisme propre, parmi lesquelles il nous faut situer notre désir lorsqu'il s'impose à nous à la puberté. (Aurions nous besoin de les définir en effet, si nous n'associions pas à toute interaction sexuelle une interaction sociale, et si la monogamie et le couple n'avaient pas ce statut si particulier dans nos sociétés? Je n'en suis pas sûre...). Bref, le « non-naturel » c'est tout ce à quoi nous tenons finalement le plus! Et tout ce à quoi nos amis les Réacs tiennent également le plus!... ce qu'ils ont peur de perdre en ce moment... Ça alors!

    Une première conclusion s'impose donc avant de poursuivre: laissons la nature tranquille! Ce n'est pas elle qui est en cause dans ce débat. Personne ne s'oppose à elle dans cette histoire. Si vous tenez à préserver Mère Nature, allez donc vous insurger contre la pollution industrielle, les trous dans la couche d'ozone, la disparition des pingouins et les risques du nucléaire. Le débat sur l'égalité des droits entre homos et hétéros ne concerne que la sphère sociale, l'institution absolument non naturelle du mariage et les notions pas plus naturelles de droits de l'Homme et de droits de l'enfant, rendues possibles (comprendre: pensables) par l'émergence et la généralisation de philosophies et de courants de pensée tels que celui de l'individualisme moderne (qui date au mieux de la Renaissance, c'est à dire pas vraiment de l'aube des temps!)...Et seconde conclusion immédiate: un fait non naturel, voire même contre-nature, n'est donc pas forcément un point négatif, et peut même parfois être placé assez haut sur notre échelle du Bien.

     

    Cela devient d'ailleurs plus vicieux encore lorsque l'on essaye de comprendre comment ces opposants « citoyens » aux droits des gays et des lesbiennes en arrivent à prendre pour acquis que l'on peut associer écart au naturel et abomination.... En effet cela suppose qu'ils associent a priori une notion de Bien et de Mal, un jugement, à une réalité qui n'en contient pas par essence..De là à parler d'un Dieu, il n'y a qu'un pas. Ce que soulignent en réalité ses pourfendeurs de nos droits, ce n'est donc pas tant une distinction naturel/non naturel, qui n'a pas lieu d'être ici, qu'une distinction divin/non divin, en accord avec les principes religieux/ en désaccord... Les termes « nature », « anthropologique » ou « absurdité physiologique » ne sont que des artefacts pour tenter de maquiller un argument purement religieux, ne relevant que de la foi personnelle, en argument scientifique. Il n'y a donc rien, et il ne peut rien y avoir de laïc dans une affirmation de ce type, qui fait appel à notre supposée essence, à l'  « aube des temps », ou que sais-je encore...Et faut-il une nouvelle fois le rappeler? Vos principes religieux ne valent que pour vous!

    Pour finir, ces réactions peuvent même devenir drôles lorsque l'on songe aux craintes exprimées par nos détracteurs: nous allons anéantir le socle de la société (en plâtre bon marché visiblement!) qui repose sur la différence des sexes. Nous allons détruire celle-ci par nos seules idées, abolir les notions essentielles de référents masculin (pour l'homme) et féminin (pour la femme!), et ébranler par la seule force de la pensée la nécessaire binarité sexuelle du monde. Que sont ces mystérieux référents? Papa qui tond la pelouse, travaille et commande, maman douce et docile qui fait le repas et la vaisselle? Papa en chemise et cravate, maman en jupe et talons hauts? Il semble soudain compliqué ,n'est-il pas, d'exhiber une seule qualité, une seule compétence éducative qui se trouverait uniquement chez l'homme (et donc, dont toute femme, quelle qu'elle soit, serait irrémédiablement dépourvue) sans sombrer dans un sexisme de bas étage...

    Mais surtout, quelle est donc cette si fragile différence des sexes, qu'un simple courant de pensée, voire un simple texte de loi, suffit à faire s'effondrer? Que sont donc ces notions de femme féminine et d'homme masculin qu'une « infime fraction » de la société peut faire disparaître à l'envie et qui ont besoin du code civil pour exister? Certainement pas des faits de nature, par définition innés, congénitaux et donc pérennes, transcendant les époques et les cultures...mais alors bien une construction sociale, construite par dessus la nature, en plus d'elle, et pouvant donc être menacée par un nouvel ordre social ! Héhéhé... n'est-il pas amusant de constater que toutes ses hordes d'hystériques qui vilipendent à loisir une fantasmatique « théorie du gender », appuient spontanément tous leurs argumentaires sur les fondements...des études et théories sur le genre?


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    Aujourd'hui, j’aimerais vous parler de mon père…

                              Pas parce que c’est un saint, pas parce que c’est un monstre….bien au contraire ! En ces temps de troubles pour tous les LGBT de France, leur famille, leurs amis ou même leurs collègues, j’aimerais m’adresser à la majorité silencieuse, à la population en général…Celle qui n’appartient pas aux groupuscules d’extrême droite qui ne voient les homosexuels qu’à travers le prisme de la sodomie, crient au pêché mortel, et se lancent dans une grande croisade de re-christianisation du pays. Celle qui n’appartient pas non plus aux associations LGBT, n’a pas le militantisme dans le sang et n’est concernée que très indirectement par le sujet, au travers de proches peut-être même pas si proches que ça…

    A toutes ces personnes, qui se sentent prises en otage par les polémiques actuelles, qui n’ont plus forcément vingt ans et ont entendu leurs institutions leur dire tour à tour que l’homosexualité était un délit,… puis une maladie,…et puis non, une simple variation de la norme, une configuration comme une autre parmi l’infinité des possibles…A tous ces gens à qui l'on a sans cesse demandé d’évoluer instantanément pour rattraper les erreurs de leur gouvernement, comme s’il détenaient tout le savoir du monde- qui se mettrait à jour en permanence-, et comme s’ils avaient une maîtrise si parfaite et rationnelle de leurs émotions qu’ils pouvaient en changer à volonté…. A tous ces gens : j’aimerais vous parler de mon père.

                           Parce qu’il est un peu comme vous. Né dans une famille d’ouvriers, dans le milieu populaire des années soixante, de ceux qui se tuaient au travail et prônaient encore une idéal hyperviril -de pères terriblement autoritaires et de petits voyous faisant la loi dans le quartier- comme un exutoire face à leur propre quotidien de travailleurs exploités, il a grandi avec l’image la plus négative possible de l’homosexualité: celle des « sales pédés », des « tordus », des « fiottes incapables » auxquels pour rien au monde il n’aurait voulu ressembler et dont la simple vue le révulsait…

    Puis il a grandi, il s’est battu contre sa condition, contre ses profs, contre la situation financière désastreuse de ses parents, contre le sectarisme de la bourgeoisie parisienne et, à la sueur de son front,… il est devenu médecin. Maladies infectieuses, médecine interne…des spécialités drôlement porteuses en ce début des années 80! Vous voyez où je veux en venir ? Le SIDA a assuré la réussite professionnelle de mon père bien plus vite qu’il n’aurait pu l’imaginer. Mais inutile de vous rappeler quelle communauté a payé le plus lourd tribut dans cette sinistre affaire, surtout à cette époque…. A peine sorti des chantiers de Pontoise, le jeune docteur s’est retrouvé face à une marée de patients arc-en-ciel, folles, bears ou gars discrets, assumés ou pas voire franchement au fond du placard, et au moins autant de questions d'éthique à résoudre! 

    Et contre toute attente, il a découvert des êtres humains, des êtres humains qui lui ressemblaient d’ailleurs beaucoup ! Lui qui avait essuyé le mépris des petits bourgeois toutes ces études durant, leurs certitudes tenaces quant à son infériorité intrinsèque et à leur parfaite légitimité, leur refus catégorique d’admettre leur statut de privilégiés, leur incompréhension quant à sa manière de parler, de s’habiller, de vivre…, il se retrouvait soudainement devant ses semblables ! Des gens qui avaient aussi été classés comme inférieurs et dysfonctionnels par principe, sans raison, parce qu’il fallait bien des dominés pour qu’il y ait des dominants…

                             Et puis, il a vu leur combat pour être heureux ensemble, il a connu leurs vies de couple, leurs sentiments, leurs angoisses face au fléau qui les frappait. Il a vu également des amants survivants, terrassés par la mort de leur compagnon, être trainés dans la boue, et jetés à la rue par des familles hystériques, pour quatre murs, quelques meubles, quelques fourchettes en argent, parfois moins…et dans le même temps il a entendu des manifestants brandir la croix contre la PACS, crier que cette union allait à l’encontre des bonnes valeurs chrétiennes. Alors, il s’est demandé d’où lui venaient toutes ses certitudes sur la vie des autres, sur le bien et sur le mal.

    Parce que c’était aussi son métier, et parce qu’il avait à cœur de l’exercer correctement, iI a passé pas mal d’années en conférences et en campagnes de sensibilisation sur la discrimination dans la famille, chez les amis, au travail, il a réfléchi avec ses collègues à des moyens de rendre les pratiques sexuelles de chacun plus sûres, de réduire les risques… Sans jugement, jamais, parce que ça, finalement, ce n’était pas du tout son métier ! Il n’avait même aucune expertise dans le domaine. Comme la plupart des gens d’ailleurs, mais certains semblent l’oublier si souvent…Il s'est aussi demandé si sa vie correspondait à ce qu'il prêchait, et a parfois passé plusieurs nuits sans dormir à se poser toutes ses questions. Plus récemment encore, il y a quelques années, il s'est dit qu'étant donnée la famille profondément instable et désunie dont il était issu, il était tout de même drôlement mal placé pour imposer un modèle familial à toute une société.

     

                            Alors est-il devenu un chantre de la cause LGBT, a-t-il dépassé toutes ses appréhensions, tous ses préjugés? Non. Il traîne encore des clichés dans ses remarques ou dans nos discussions. Est-il totalement indifférent à l'orientation sexuelle de ses amis, de ses enfants? Non, pas vraiment. La gêne, bien qu'atténuée, persiste encore et toujours. Mais alors comment ce père élevé au machisme ordinaire et terrorisé à l'idée que ses fils soient gays se retrouve-t-il à écrire dans Tétu+? Comment cet homme qui s'étrangle avec sa soupe lorsque j'évoque mes relations féminines se retrouve-t-il à plaider pour le congé paternité d'une de ses collègues et à défendre le mariage pour tous? Comment ce quinquagénaire pour qui le sexe entre hommes représente le neuvième cercle de l'Enfer a-t-il pu passer sa carrière à informer ses patients gays et leurs partenaires sur les moyens de vivre une sexualité épanouie malgré la psychose, malgré les risques?

                            La réponse est simple en réalité: nous sommes tous à la fois Dr Jekyll et Mister Hyde, des êtres humains et des citoyens. Nous avons une vie privée, une histoire et une éducation qui fait de nous des êtres subjectifs, soumis à nos émotions et en partie conditionnés. Mais si l'on ressent avec ses tripes, on peut en revanche penser avec sa tête. Etre un citoyen, une personne publique, c'est nous donner la possibilité de nous dépasser, d'être meilleurs que ce que nous pouvons être au quotidien. C'est forcer notre intellect a prendre le pas sur notre ressenti viscéral, et accepter parfois de changer d'avis...

    J'entends beaucoup de gens crier haut et fort qu'ils sont contre l'ouverture du mariage aux gays et lesbiennes, malgré tous les arguments pour, malgré toutes les études qui existent, au motif qu'ils « ne le sentent pas », que ça leur paraît « bizarre », qu'ils ont « du mal à y croire ». Je ne suis pas là pour critiquer ces ressentis. Ils sont les résultats de nos histoires personnelles. Ils ne sont pas toujours faciles à dépasser, ou du moins pas à court terme. En revanche, je trouve inacceptable de voir ces gens défiler ou affirmer leur opposition catégorique à un projet qui ne les concerne pas sur la simple base de ressentis ou d'émotions. Ce n'est pas ça la démocratie. Se comporter en citoyen, ça consiste d'abord à dissocier ses actions de ses réactions intimes. Nous pouvons avoir des opinions, cela ne nous donne pas automatiquement la légitimité pour les faire peser dans la balance. La citoyenneté est l'univers de la réflexion et de l'intellect. Le démocratie fonctionne quand s'expriment sur un sujet ceux qui le connaissent, ceux qu'il concerne et ceux qui disposent d'un argumentaire précis basé sur des faits. Elle s'enraye lorsqu'elle se mue en cacophonie générale parce que des gens non concernés ou qui ignorent tout du sujet se mettent à parasiter le débat par simple réaction épidermique. En conclusion, agir en citoyen c'est aussi, parfois, savoir taire ses impressions personnelles sur des thèmes qu'on ne maitrise pas et accepter de s'informer et d'être éduqué. Si nous refusons cette réalité, nous refusons de comprendre que notre subjectivité n'a pas à régir le quotidien des autres, et nous courons le risque d'entraver la liberté de tous ceux qui ne nous ressemblent pas.

                         Alors voilà ce que je vous demande...ou plutôt non! Commençons par ce que je ne vous demande pas. Je ne vous demande pas de devenir des héros du militantisme gay, je ne vous demande pas d'apprécier la culture gay, je ne vous demande pas de trouver nos pratiques sexuelles originales ou sexy et je ne vous demande pas de payer des séances de coaching pour apprendre à ne plus déglutir si fort lorsque l'un de vos collègues sort du placard sans crier gare. Nous avons tous des images mentales, des idées préconçues tellement intégrées par notre éducation qu'il en reste inévitablement quelques traces toute notre vie. Mais je vous demande d'essayer de ressembler à mon père, peut-être même pas mon père d'aujourd'hui, disons celui d'avant mon coming out. Celui qui a réfléchi, observé, étudié, celui qui s'en est remis aux personnes concernées, aux études scientifiques, aux faits pour se construire un véritable avis citoyen, professionnel, et pour trouver l'attitude à adopter dans son quotidien de médecin. Celui qui a accepté de savoir plutôt que de sentir, qui aura peut-être toujours une gêne mais sait désormais qu'elle vient de lui et n'a pas à intervenir dans sa relation aux autres. Celui enfin qui, bien qu'orgueilleux de nature, se force à être humble lorsqu'il parle et agit au nom de la société toute entière.

    Nombreux sont les sujets sensibles qui font intervenir au moins autant de fantasmes que d'éléments rationnels: mariage pour tous mais aussi port du voile, prostitution, avortement ou autrefois divorce, contraception, et bien d'autres encore. En acceptant d'écouter les principaux concernés, de n'exprimer que des arguments construits et de garder pour nous nos fantasmes, nous libérons également les générations futures de leur emprise, et nous contribuons à la survie de la démocratie. 


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    sorcière

    Comme vous l'aurez compris, ces derniers temps je suis un peu l'actualité, et je me suis donc tout naturellement rendue aux grandes manifestations solidaires du 17 novembre, pour rencontrer les opposants et tenter de comprendre ce qu'il se passe actuellement dans leur tête..


     

    « Solidaires, envers qui ? » me direz-vous...excellente question! ça reste à déterminer...pas envers nous en tout cas, c'est la seule chose que l'on peut raisonnablement affirmer. Envers les enfants semble-t-il...là encore ,quels enfants? Probablement pas ceux qui ont passé la journée ballotés en tous sens, à se faire écraser par la foule exaltée et à se faire engueuler parce qu'ils avaient perdu leurs ballons pastels ou qu'ils commençaient à avoir froid...pas ceux non plus, qui n'ont toujours qu'un seul parent légal et risquent de perdre l'autre au moindre problème...mais enfin, DES enfants. Pas ceux qui existent aujourd'hui, mais ceux qui pourraient éventuellement exister un jour...Car, à l'évidence, c'est bien eux, qu'il faut protéger en priorité non?

    J'étais donc à cette fameuse marche « solidaire », visant à protéger cette population hautement discriminée de bambins qui, bien que n'étant pas encore nés, possèdent déjà un psychisme extrêmement bien connu et des revendications extrêmement claires... Et l'on a ainsi pu m'informer de la terrible menace que faisaient peser sur eux ces hordes d'invertis qui ne songeaient qu'à se marier et à les adopter en véritables...nazis ??! C'est fou ce qu'Hitler a pu revenir sur le tapis, souvent aux moments où je m'y attendais le moins!

     

    Face à ce genre de déclaration, il y a une question que j'aimerais poser: de l'avis général, Hitler est un horrible bonhomme qui a fait beaucoup de mal à plein de gens, jusque là on est tous d'accord, non?...mais alors qui continue à lui envoyer des cartons d'invitation à toutes les manifestations et à tous les débats du pays??! Pourquoi diable se trouve-t-il toujours quelqu'un pour aller déterrer le moustachu à la moindre vexation politique? Il vous manque tant que ça?

    Non seulement ce genre d'intervention se résume systématiquement à une comparaison hasardeuse et anachronique entre l'Allemagne d'après la première guerre mondiale (même si, curieusement, personne ne semble se souvenir de son rôle majeur dans l'émergence du sentiment de frustration du peuple allemand ayant abouti à l'élection du-dit Adolf, mais passons..) et la France d'aujourd'hui, mais elle relève aussi d'une profonde indécence envers des populations qui ont réellement souffert, et ont réellement vu leur famille saccagée.

    Oui, figurez-vous qu'exhiber la souffrance de personnes qui ont été déportées, torturées, réduites en esclavage et finalement massacrées pour satisfaire un désir de vengeance, et vous estimer victimes d'injustices similaires parce que le code civil va adapter une définition pour permettre à d'autres personnes de profiter de vos avantages, sans vous les retirer, c'est proprement indécent! Songez que, lorsque vous vous exprimez publiquement de la sorte, vous qui vivez confortablement avec votre famille dans un appartement chauffé et disposez de droits qui vous protègent tous, les descendants de ces familles qui ont vécu l'enfer vous regardent aussi faire vos singeries. Alors messieurs, mesdames, un peu de tenue s'il vous plaît!

    Non, vous n'êtes pas victimes d'un drame comparable à celui de l'holocauste! Non, vous ne pouvez pas vous réclamer d'une quelconque classe opprimée alors que la plupart d'entre vous appartenez à la fraction la plus privilégiée de la société, par ailleurs ultra-majoritaire, celles des Français blancs, de descendance chrétienne, hétérosexuels, de la classe moyenne voire de la bourgeoisie.

    Certes, me direz-vous, mais toutes ces considérations restent très générales. Alors, comment les opposants au mariage pour tous arrivent-ils à développer leur argumentaire et à établir leurs comparaisons.Pour répondre avec précision, il convient de se pencher sur quelques exemples:

    1)

    Il y a d'abord la méthode stupide, celle qui témoigne de faibles connaissances en Histoire et d'une grande naïveté politique. Elle consiste à établir une comparaison entre une activité politique actuelle, et une activité réputée similaire du Parti politique nazi, sans se soucier de savoir si celle-ci était plutôt consécutive à son statut de parti politique ou à son idéologie nazie. Un exemple type: les propos de Xavier Bongibault, président de l'association « +Gay sans mariage », association qu'il a fondée à la hâte il y a quelques mois, avec « quelques amis gays », probablement ses peluches car le moins que l'on puisse dire c'est qu'on ne les voit pas beaucoup...

    (exemple ,exemple  )Le jeune Xavier nous apprend donc que les associations LGBT qui réclament le droit au mariage et l'accès à l'adoption agissent en véritables nazis car elles réduisent les gays à leur pulsions sexuelles, sensées expliquer tout de leur personnalité, et réclament publiquement des droits, sans considération pour les gays qui ne souhaitent pas se marier ou avoir des enfants. Alors, bien sûr, on peut se poser la question du rapport avec la choucroute...Tout d'abord, qui a parlé de pulsions sexuelles? On parle de mariage civil et d'enfants, de reconnaissance de droits, de citoyenneté...Que vient faire l'acte sexuel là-dedans? Mais ne tenons pas rigueur à M. Bongibault de ce délire passager, revenons plutôt sur l'action des associations.

    Les associations LBGT parlent en leur nom et pour elles-mêmes. C'est leur droit. Il se trouve qu'elles représentent une part très importante de la communauté homosexuelle, qui s'est créée avec elles et sous leur impulsion face aux discriminations subies par les gays et lesbiennes. Cela ne veut pas dire que tous les gays sont priés d'y adhérer et de penser la même chose. Chacun est libre. D'ailleurs, personne n'a cherché à bâillonner le jeune Xavier...Mais enfin, bon sang! Ces associations ont bien le droit de s'exprimer, d'exprimer ce qu'elles souhaiteraient pour elles-mêmes, et de se faire le porte-parole de leur communauté! En quoi est-ce du nazisme? Cela va sans dire, mais peut-être encore mieux en le disant, le vice du nazisme est essentiellement d'avoir professé CONTRE les droits d'autrui, contre leur liberté. Les associations LGBT n'ont jamais prétendu ôter des droits à qui que ce soit! Elles n'ont jamais prétendu forcer qui que ce soit à vivre sa vie d'une façon donnée. Elles réclament simplement le droit pour leurs adhérents de vivre comme ils l'entendent sans se retrouver dans une situation précaire. Aucun gay ne sera forcé de se marier ou d'adopter...Il en aura simplement le DROIT. Aucune église ne sera forcée de modifier son mariage religieux, et aucun croyant ne sera même contraint de pratiquer son homosexualité s'il préfère l'abstinence et le célibat. Et enfin, pour être complet, aucun droit ne sera retiré aux hétérosexuels.

    Qui est donc ce blondinet qui se débat comme un beau diable parce que l'on essaye de lui donner des droits?! Quelle est donc cette étrange confusion entre droit et devoir qui semble torturer le jeune Xavier, quand personne ne songe à imposer son mode de vie à qui que ce soit? Les associations n'ont de revendications que pour leur quotidien et leur statut à elles, et quand bien même elles ne regrouperaient qu'un dixième des gens qu'elles regroupent réellement, ceux-ci auraient encore la légitimité de parler et d'être considérés comme des citoyens à part entière. Ce n'est pas du nazisme. C'est de la démocratie. Il est bien sûr regrettable que le nazisme ait usé un temps des ficelles de la démocratie pour les pervertir, mais ça ne veut pas dire qu'il faut rejeter en bloc l'esprit des Lumières.

     

    2)

    Il y a ensuite des méthodes plus subtiles, qui consistent le plus souvent à engager une étude construite des rapports entre nazisme et progrès, en oubliant stratégiquement des clés d'analyse. C'est par exemple le cas du père René-Philippe Rakoto, qui affirme que la société française est comparable à l'Allemagne nazie qui autorisait des exactions pourtant à l'époque synonymes de progrès scientifique et moral: euthanasie, eugénisme, stérilisation forcée des handicapés, manipulations génétiques sur l'humain,etc...

    Ici, c'est donc l'éthique qui est remise en cause. Le problème, c'est que le saint père a tendance à faire beaucoup d'amalgames. En effet, dans ce petit florilège, se trouvent pêle-mêle des thèmes aujourd'hui discutés et à l'étude , tels que l'euthanasie ou la thérapie génique, et d'autres profondément choquants tels que le stérilisation forcée ou l'experimentation mutilante sur sujet humain. ...parfois même réunis en une seule expression. (Ainsi que recouvre exactement le terme « manipulations génétiques sur l'humain »?). Mais alors, comment distinguer les uns des autres? Et bien en introduisant les notions qui permettent de le faire. En l'occurrence, ici, le consentement, la liberté individuelle et le respect de l'intégrité de l'être humain.

    Pour faire écho à ce qui a déjà été dit, ce qui fait la monstruosité du régime nazi, ce n'est pas tant que ses médecins se soient voulus avant-gardistes, que le fait qu'ils aient destitué une partie de la population de son statut d'être humain, en réintroduisant le concept de race, afin d'en faire un simple matériau d'experimentation. De la chair à médecin. Aucun cobaye n'était consentant, aucun n'a eu le droit de donner son avis, tout s'est fait dans au mépris complet de leur souffrance et de leur droit à la vie. Ils ont été torturés. Ainsi, dès le départ, le stérilisation forcée et les experiences sur les déportés ne pouvaient être considérées comme progrès que parce que l'idéologie nazie avait déjà fait son oeuvre en persuadant la population de l'infériorité congénitale d'une partie de leurs concitoyens. L'appellation « progrès » apposée à ces pratiques n'est pas une cause de l'idéologie nazie, elle n'a pas entraîné le nazisme, elle en est une conséquence, une émanation nauséabonde. Le phénomène à ne jamais reproduire n'est donc pas ici le développement de la médecine et des sciences sociales, nécessaire à l'évolution de notre société, mais bien les procédés et les théories anthropologiques qui ont à l'époque été utilisés pour permettre ce développement.

    Les évolutions demandées actuellement, à savoir l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples de même sexe, ne reposent que sur des pratiques existantes et bien acceptées, et n'introduisent de changement que pour ceux qui les demandent. Aucun tiers n'est sollicité dans son intimité ou son intégrité physique pour servir de test, ou pour rendre cette situation possible. C'est un changement privé, individuel et voulu qui s'opère. Aucun autre ne se voit destitué ou amoindri par ces évolutions. L'impact sur le bien-être des enfants a été contrôlé, et personne ne souffre. Ce changement ne vise pas non plus à créer des « inférieurs » et des « supérieurs » comme le ferait l'eugénisme. Bien à l'opposé du nazisme, cette requête vise à abolir une injustice existante entre hétéros et homos, en termes de droit. Ce que je trouve finalement choquant et effrayant c'est qu'en 2012 ce responsable religieux n'ait pas réussi à opérer cette distinction.

     

    En résumé, il faudrait songer à ne pas tout confondre. Durant son mandat, Hitler a lancé une politique de grands travaux, réduit le chômage et fait accéder un certain nombre d'Allemands au confort de la classe moyenne... mais ce n'est pas ça qu'on lui reproche! (Ce n'est pas non plus de préférer la confiture de fraise à la confiture de pêche, ou d'aimer caresser son chien). Il serait ridicule, vous en conviendrez, de crier « Comme Hitler! » à l'annonce d'un grand projet de construction, parce que celui-ci ne vous plaît pas ou vous semble trop faramineux. Et bien de la même façon, il est absurde de qualifier vos adversaires de nazis en puissance au motif qu'ils ont un avis politique différent du vôtre, en exhibant des éléments qui ne relèvent pas spécifiquement des méthodes douteuses du IIIème Reich mais sont simplement propres à tout engagement politique, par ailleurs légitime ou révoltant. (Hier j'ai même entendu: « Hollande a été élu...comme Hitler! », et donc? On restaure la monarchie?)

     

    Alors que reproche-t-on exactement à Hitler, et quelles leçons pouvant nous tirer de l'Histoire sans nous vautrer dans le ridicule?

    Il y a bien sûr l'extermination programmée des juifs puis de tous ceux considérés comme inférieurs (y compris les homosexuels!), mais j'ose sincèrement espérer que personne ne s'imagine que les homos comptent organiser l'élimination des hétéros.

    Plus spécifiquement, bien avant ces années-là, il y a déjà, durant sa campagne, des méthodes de persuasion véritablement dégradantes, notamment le recours systématique à la xénophobie pour avilir une partie de la population. L'aspect terrible et monstrueux de la politique d'Hitler n'est pas d'avoir fédéré le peuple allemand, mais de l'avoir fédéré CONTRE une minorité visible. D'avoir imaginé un complot (un lobby?) fictif des juifs allemands pour retourner la population contre eux, s'approprier leurs entreprises et les priver de leurs droits de citoyens.

    Mais personne n'oserait aujourd'hui se saisir de cette théorie éculée qu'est la théorie du complot pour affirmer qu'un lobby de révoltés minoritaires utilise des canaux secrets et des fond cachés pour faire prévaloir sa conception du monde et asseoir sa domination, n'est-ce pas? Cette assertion honteuse, qui n'est d'ailleurs pas propre à Hitler mais vieille comme le monde, nous savons bien, nous, à l'époque moderne qu'il ne s'agit que d'une affabulation utilisée par les classes dominantes pour faire croire aux gens crédules qu'elles sont en fait dominées, par des moyens mystérieux et non précisés. N'est-ce pas? ...Non, non, non...aujourd'hui nous sommes à l'âge de la Raison, et nous avons retenu les leçons de l'Histoire! (à moins que...)


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    barbapapa

     

    Ce soir, en parcourant le site enfants d'homos , je suis tombée sur ce commentaire auquel j'ai eu envie de répondre:

    “Bizarre, après le divorce de mes parents, un père pour m’aider à me construire m’a terriblement manqué … pourquoi n’avez-vous pas l’honnêteté de reconnaître et faire reconnaître cette vérité. Les enfants que vous faites parler occultent-t-ils des vérités , par reconnaissance envers les adoptants…? Cacher la vérité à des millions de personnes relèvent du mouvement sectaire.”

    Tout ce que je raconte ici a déjà été dit, et bien dit, par de nombreuses personnes mais la répétition est, paraît-il, un élément essentiel de la pédagogie...

     

    Bonjour,

    je souhaiterais réagir au message précédent, dont l'auteur se refuse à croire au bonheur des enfants élevés par des couples homos. J'ai en effet l'impression que ce genre de confusion est fréquent chez les gens à qui l'on a arraché un parent ou un proche, et elle mérite donc que l'on s'y attarde.

    La personne qui s'exprime ici s'est retrouvée séparée de son père après un divorce. Elle a donc perdu un être cher, avec qui elle avait tissé des liens éducatifs et affectifs, et qui était donc un pilier dans sa vie. D'autres cas de figures conduisent à ces situations tragiques: décès du père ou de la mère, abandon de sa compagne enceinte par le futur père, ou même simple manque d'intérêt d'un parent pour son enfant, .

    Ces situations sont toujours tragiques et personne ne cherche à nier la souffrance subie par ces enfants, ni les manques qu'ils ont ressentis. Mais il est temps de ce rendre compte que la filiation homoparentale ne fait en rien partie de ces cas de figure. Prenons un exemple: si un enfant vivant avec deux mères lesbiennes vient à perdre l'une des deux, il ne me semble pas extraordinaire de penser qu'il va en souffrir. Elle va manquer à son épanouissement et à sa construction, car elle participait de la stabilité de la famille, du bonheur de sa compagne et de son enfant, et tous étaient liés par des sentiments d'amour profonds. Elle remplissait certaines fonctions éducatives et avait, de par sa personnalité, certains rôles dans le foyer et dans l'esprit de l'enfant. La structure de cette famille reposait donc, entre autres, sur sa présence. Elle disparaît, l'édifice s'effondre....Et pourtant, à nous qui ne sommes pas nés et n'avons pas grandi au sein d'un foyer homoparental, notre deuxième maman ne nous manque pas du tout! Tout simplement parce que nous n'en avons jamais eue...plus encore, elle n'a jamais fait partie du schéma familial qui était le nôtre, notre famille se sentait parfaitement au complet sans elle, les différents rôles éducatifs y étaient tenus par d'autres personnes, par exemple notre mère biologique et notre père. Ne trouveriez-vous pas ridicule que cet enfant devenu grand vienne remettre en cause les parents hétéros (donc avec une seule mère) au motif que, lui, sa deuxième maman lui a manqué?

    Je pense que si, et vous auriez raison. Car si toute rupture d'un équilibre familial entraîne des souffrances, cela ne signifie pas pour autant qu'il n'y a initialement qu'un seul équilibre possible et viable. Rompre une structure familiale au cours de son développement et avoir une structure familiale différente de celle de ses voisins sont deux notions qui n'ont absolument rien avoir! Le problème, c'est que bien souvent, pour imaginer ce qu'il se passe dans la tête des autres enfants, nous raisonnons en partant de la seule famille que nous connaissons vraiment: la nôtre. Confrontés à une famille différente, homoparentale par exemple, nous nous mettons alors à imaginer toutes les déchirures et tous les bouleversements qu'il faudrait pour passer de notre situation à la leur...L'erreur est là! Ces déchirures n'ont bien souvent PAS eu lieu. Cette famille n'est tout simplement PAS partie de notre situation pour arriver à la sienne. Notre organisation familiale n'a aucune raison d'être le point de départ de toutes les autres.

    Laissez donc les gens autour de vous trouver leur équilibre! Cela ne remet pas en cause le vôtre! Et nous ne le remettons pas en cause!

     

    Tenez, moi par exemple, il y a au moins deux de mes grand-parents (pour ne pas dire les quatre) que je n'ai jamais fréquentés, voire jamais connus (pour des raisons peu racontables qui n'en faisaient pas des individus bien louables..) et bien, ils ne m'ont jamais manqué! Je me suis développée sans eux, je n'ai jamais eu l'impression qu'il me manquait certains tuteurs pour me développer. Une de mes meilleures amies avait, à l'inverse, une relation très forte avec sa grand mère, qui lui prodiguait de nombreux enseignements mais qui assurait aussi un rôle d'autorité juste et éclairée...rôle qu'en revanche, son père, éloigné et peu intéressé par la paternité n'a jamais tenu. Et bien, au décès de cette grande dame, mon amie a été profondément chagrinée et surtout déboussolée: elle avait perdu un repère. 

    Il ne faut donc pas confondre une identité sexuée avec un rôle affectif et éducatif, pas plus qu'un évènement qui change brutalement la donne (par exemple un divorce) avec un simple état de fait ("j'ai deux mamans"). Rien n'impose qu'un rôle en particulier doit nécessairement être dévolu au porteur d'un pénis, ou à l'heureuse propriétaire d'un vagin. Rien n'impose à une personne de ne tenir qu'un seul rôle. L'important c'est que ces rôles soient tenus! Si tel est le cas, l'enfant qui a deux mamans aura autant besoin d'un père que vous d'une troisième main...Qui plus est, il n'y a absolument AUCUNE chance pour qu'un enfant ne se retrouve confronté qu'à un seul et unique sexe au cours de son développement, à moins de vivre isolé au fond d'une grotte! Et pour ce qui est de la différence des sexes, notre société la revendique et l'instrumentalise plutôt trop que pas assez, toute femme en a d'ailleurs un jour fait les frais,...donc pas d'inquiétude! Ne vous mêlez donc pas tant du bonheur des autres, surtout pour le mettre en doute sans la moindre preuve ou la moindre information qui pourrait vous en faire douter!

    Ce n'est pas parce que les enfants d'homos qui s'expriment ici ne vous disent pas ce que vous voudriez entendre qu'ils vous cachent quelque chose. S'ils n'agissaient que par reconnaissance envers leurs parents, ils auraient pu choisir simplement de se taire, de taire leur supposée souffrance. Là, ils ont choisi de dire leur bien être, d'exprimer leur bonheur. Ce sont deux attitudes qui n'ont rien de commun. On ne s'invente pas un bonheur si facilement. (Et s'ils avaient tant souffert, ils ne seraient d'ailleurs pas reconnaissants!...Vous aimez vos parents mais vous avez souffert, vous avez alors été capable de nous le dire! les autres aussi ont cette capacité...)

    Le pire, c'est que j'ai l'impression que, dans le fond, nous sommes d'accord sur ce que nous attendons de la vie et de la famille: encadrement, amour et stabilité...Nous redoutons les disparitions, les pertes, les abandons qui nous fragilisent. Et c'est bien pour cela que les parents homos réclament des droits, ils veulent être autant protégés que les hétéros contre ces naufrages de la vie, éviter que la disparition d'un père n'entraine une séparation d'avec le deuxième par exemple.


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